L’homme qui trop…. (feat. Claudio Capéo)

Et voici une petite histoire inspirée de notre ami Claudio Capéo. Appréciez 🙂


Je la vois souvent dans ce bar. Cette femme me passionne comme un roman haletant dont on lèche le bord des pages avec excitation pour savoir la suite qui se révèle de l’autre côté.

Je crois qu’on est ensemble, mais elle ne le sait pas.

Elle boit toujours du Tropico saveur tropical. Sur la canette, des gouttes de sueur perlent lorsque sa langue touche le métal glacé. Elle boit lentement et l’on sent sur son corps les stigmates du liquide qui descend dans sa gorge et qui rejoint sa poitrine un peu à découvert sous son décolletée brulant.

Elle boit du Tropico et c’est désuet. Mais elle est si sexy qu’on lui pardonne cette anachronisme.

(suite…)

Le communisme

  • Je suis communiste

Une simple déclaration qui donne assez rapidement l’impression aux autres que vous êtes un peu un has – never – been. On peut être alter-mondialiste, écolo-bobo, gauchiste, anti-capitaliste, anarchiste, révolutionnaire… mais communiste, non, c’est dépassé :

C’est une vieille barbe blanche, celle de Karl.

C’est une buvette à la fête des travailleurs, tenue par des personnes du troisièmes ages.

C’est des images en noir et blanc, du peuple le poing levé, en masse dans les rues.

Enfin,

C’est de l’imparfait, et aussi du passé compliqué.

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Gaspard

Il y a déjà trois ans, la famille adoptait un bébé chat au pelage écailles de tortue. La petite boule de poil était si mignonne et si adorable qu’il était impossible de résister. « So cute ». dirait-on en anglais. Bah oui, un chaton quoi que sa fasse, c’est toujours mignon. Même quand ça force maladroitement avec les pattes tendues, dans la litière, c’est attendrissant. Moi-même, qui n’aime pas les chats d’ordinaire, j’ai voulu le protéger, lui apprendre des trucs qui pourraient lui servir dans la vie, comme le regard qui apitoie, et qui permet d’obtenir certaines choses : Un bon plat, des câlins, etc…

Je le considère un peu comme mon fils, celui que je ne pourrais pas avoir. Une sorte de transfert affectif inter-espèce..
Mais voilà, en 3 ans, la peluche à bien changé, et est devenue un gros chat pataud casse bonbon (qu’il n’a plus d’ailleurs, merci monsieur le vétérinaire). Et puis madame a insisté pour qu’il se nomme Gaspard. Pas vraiment un roi mage, plutôt un clochard vagabond.
Quand je regarde Gaspard, qui se nettoie les pattes, sur la table de la salle à manger, je me dis qu’il a bien de la chance d’être un chat. Ce félin domestique a réussi l’exploit d’asservir l’homme quand bien même son intelligence semble relativement ridicule. Incapable de comprendre un ordre, de suivre son maître ou de faire le beau.

Et puis cet air, plein de morgue, faussement supérieur. Le chat veut toujours se la jouer « baisse le regard », genre racaille de banlieue. Et il gagne souvent…

(suite…)

Do Ré Mi

Au départ, on entend quelques mots

  • « Dodo, l’enfant do »

La voix est douce et féminine, ses paroles du lait au chocolat qu’on boit goulument.

Les petites oreilles s’éveillent, et la musique s’invite partout. Elle sort de nous même parfois, comme un rais de lumière, comme de la joie trop abondante. Une journée ensoleillée, un gâteau au chocolat succulent, tout est caution à chanter. Le monde est beau, il vibre sur notre langue.

Le soleil est levé maintenant, des boutons sur le visage, des seins qui poussent, du duvet au-dessus des lèvres. Parce qu’une voix qui mue, parce qu’une voix qui hésite, l’enfance se terre dans le silence, dans la pudeur et la peur idiote d’être conforme. Pourtant dans les valves des cœurs, un tambour joue toujours, et pour l’accompagner, la jeunesse se pare de casque au son assez fort pour remuer et trembler. Dans la discrétion d’une chambre, les hurlements, les cris, les explosions des tam-tam intérieur.

L’astre brulant est au zénith. Fatigué de chanter, l’humain écoute. Et comme un perroquet aphone qui regarde avec amour sa compagne vocaliser des phrases, il s’attendrit nostalgiquement devant des sons et des mots qui pénètre dans son conduit auditif. De façon distraite, un peu désinvolte et emplit d’une saudade aigre-douce

Chanter comme on respire. Un oiseau qui siffle ne se pose pas la question. La beauté de ses notes est d’essence cosmique.

Des mots et du son, des émotions et une passion.

Elle aura toujours été là, la chanson.

Dans les moments de solitude

Dans les instants de plénitude

Dans les défaites amoureuses

Dans les victoires un peu chanceuses

Elle nous aura fourni en émoi, des paroles comme du miel et des voix venues de lèvres qu’on voudrait embrasser. Au hasard d’une sirène, on découvre la sensualité. On veut bien se perdre et s’oublier dans ce monde de poésie.

Chanson française, voici un refuge ou tu pourras reposer tes ailes avant de t’envoler à nouveau.

La fatigue de l’homme (Feat. Giedre et Zaza Fournier)

Etre un homme ?

GiedRé « Pisser debout »

Mais aussi :

GARÇON / ZAZA FOURNIER

Admettons, qu’aujourd’hui encore, être un homme, c’est bien plus facile que d’être une femme. Plus de liberté sur son apparence et son comportement, moins de jugement, moins de peur. Bref, aucun doute qu’il faut soutenir la cause féminine sous toutes les formes qu’elle prendra.

Les femmes doivent prendre le pouvoir et j’espère qu’elles arriveront à cet objectif.

J’adore l’humour de Giedre et le décalage de Zaza Fournier, mais vouloir être un garçon…. Non, non, et encore non. Vous valez mieux que ça, vous êtes trop merveilleuse.

Et puis cela n’a plus vraiment de sens de toute façon. Les lignes de genre sont des lignes de fuite. Masculin et féminin s’invitent de plus en plus en soi, et le déterminisme sexuel ne possède plus d’évidence.

L’auteur de ces lignes, par exemple, se retrouve autant, voire plus dans des valeurs qu’on définit d’ordinaire féminine. Cependant qu’il n’ose pas forcément le revendiquer en permanence (et parle de lui à la troisième personne, il vous en prit).

Ces chansons, donc, m’inspirent ces lignes, contre les rôles et la virilité.

La fatigue de l’homme :

Etre un homme, aujourd’hui.
Ça ne donne plus vraiment envie.
C’est usant, c’est fatiguant, c’est vidant, c’est déprimant.
Conquérir, lutter, vaincre, gagner.
Se battre, les muscles saillants.
Être un homme, c’est un devoir de s’avancer, de séduire, d’imposer, d’investir.
C’est chercher à construire, quand on ne peut même pas édifier la vie.
C’est du sang dans une érection, qu’il faut libérer.
C’est un orgasme sans relief.
C’est de la laideur qu’il faut combler par du charme.
Être un homme, c’est se justifier. Des crimes, de la violence, de la possession, de la haine.
C’est se sentir coupable quand bien même l’on ne peut se déchoir de son meurtre.
Il nous habite, nous sommes la pomme et le serpent.
Le mâl(e).
Parfois, on voudrait être pris par la main.
Parfois, on voudrait des bras qui nous enlacent.
On voudrait du réconfort et de la tendresse.
On voudrait ne pas avoir à se battre, mais déposer les armes, et se rendre à l’amour, et à la vie.
On aimerait un mot tendre, des fleurs, une attention.
On voudrait être charmé, disposé, ne faire que choisir.
Être amené, dirigé, conduit, rassuré.
Ne plus être les épaules et le poids au-dessus.
Comprendre la vie, être naturel.
Je me sens fatigué d’être un homme.
Je n’en ai pas envie.
Je veux être fragile, indécis, pleurer des larmes et rire aux éclats.
Danser, et sentir des fleurs.
Être exalté, et désespéré.
Sentir la tristesse des fous.
Faire des cabrioles près d’un précipice.
Me blottir, encore, et encore.